Vers où va-t-on !Guerre hybride 8. Stratégies de guerre hybride contre l’Afrique (IIB) 1/2-et varia

Vers où va-t-on ?

 

 

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Le référendum italien : la grande défaite de Matteo Renzi, commentée par Léon Tolstoï

Posted: 16 Dec 2016 02:11 AM PST

Article original de Ugo Bardi, publié le 7 Décembre 2016 sur le site Cassandra Legacy
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
 

Voici Matteo Renzi, le Premier ministre italien, caricaturé en Napoléon Bonaparte, sur la couverture d’un magazine italien il y a quelques années. Pour une raison quelconque, les dirigeants qui réussissent ont tendance à s’embarquer dans des entreprises risquées qui mettent leur leadership en jeu et, souvent, ils échouent complètement. C’est arrivé à Napoléon avec l’invasion de la Russie et c’est arrivé à Matteo Renzi avec le récent référendum constitutionnel, qui a fini par une défaite désastreuse pour lui.

 

Il existe un parallèle clair entre les résultats du référendum constitutionnel italien du 4 décembre 2016 et ceux du référendum du Brexit et de la défaite de Hillary Clinton aux États-Unis. Dans tous les cas, nous avons vu la défaillance dévastatrice des médias traditionnels. Les gens ont refusé d’écouter les messages transmis vers eux. Ils avaient le sentiment d’être escroqués et probablement ils savaient que, quand vous commencez à soupçonner que vous êtes escroqué, vous l’êtes très probablement. Et ils ont réagi en conséquence.

Quelque chose change profondément dans le monde. La propagande du haut vers le bas, contrôlée par le gouvernement, a été utilisée avec une grande efficacité pendant plus d’un siècle, mais maintenant, elle est brisée par des informations virales qui descendent et circulent sur le Web. Est-ce que c’est une bonne chose? Certes, la défaite de l’Empire des mensonges est une bonne chose, mais il est vrai aussi que le contraire d’un mensonge n’est pas nécessairement la vérité. Tout ce que nous pouvons dire, c’est que cela se produit et que les anciennes méthodes ne fonctionnent plus.

Sur ce point, peut-être vaut-il la peine de relire Tolstoï, lorsqu’il évoque la surprise que Napoléon éprouva à la bataille de Borodino, au cours de la campagne russe, quand il trouva aussi que les anciennes façons ne fonctionnaient plus.

Alexandre Tolstoï: «Guerre et Paix», Livre 10, Chapitre XXXIV

Napoléon éprouvait une sensation pénible, semblable à celle du joueur constamment heureux, qui a toujours risqué follement son argent, a toujours gagné et qui, soudain, alors justement qu’il a mis toutes les chances de son côté, voit qu’il perd d’autant plus sûrement qu’il a mieux calculé son coup.

Les troupes étaient les mêmes, les généraux les mêmes, les mêmes mesures, le même ordre de bataille, la même proclamation courte et énergique; lui aussi était le même, il le savait; il savait qu’il était même beaucoup plus expérimenté et habile qu’autrefois. Et l’ennemi n’avait pas changé non plus :  c’était celui d’Austerlitz, de Friedland. Mais son bras terrible retombait impuissant, ensorcelé.

Tous les moyens qui autrefois étaient immanquablement couronnés de succès – et la concentration de feu de l’artillerie, et l’attaque des réserves pour rompre les lignes, et la charge de la cavalerie, des hommes de fer – tous ces moyens avaient déjà été utilisés, et non seulement on n’obtenait pas la victoire, mais il s’agissait toujours, dans les renseignements qui affluaient de tous côtés, de généraux tués ou blessés, de besoins de renforts, de la résistance des Russes et de la désorganisation des troupes.

Autrefois, il suffisait de prendre deux ou trois dispositions, de prononcer deux ou trois phrases, les maréchaux, les aides de camp, le visage épanoui, apportaient leurs félicitations et annonçaient les trophées : des corps entiers de prisonniers, des faisceaux de drapeaux et d’aigles ennemis, et des canons, et des fourgons de bagages; et Murat demandait l’autorisation de lancer la cavalerie pour s’emparer des convois. Il en avait été ainsi à Lodi, à Marengo, à Arcole, à Iéna, à Austerlitz, à Wagram, etc. Et maintenant, quelque chose d’étrange était arrivé à son armée.

En dépit de la nouvelle de la prise des flèches, Napoléon voyait que ce n’était pas ainsi, pas du tout ainsi, que les choses se passaient dans les précédentes batailles; il voyait que ceux qui l’entouraient et qui avaient tous l’expérience de la guerre partageaient son sentiment.  Les visages étaient sombres, on évitait de se regarder. Seul Beausset était incapable de comprendre la situation.

Napoléon, lui, savait fort bien, avec sa grande expérience, ce que signifiait une bataille où, après huit heures d’efforts, l’assaillant n’a pu obtenir la victoire, il savait que c’était une bataille presque perdue et que, maintenant, dans cette situation d’équilibre instable, le moindre incident pouvait lui être fatal, à lui et à son armée.  [Léon Tolstoï, La Guerre et la Paix, Paris, Ed. Folio 1972, Traduction Boris de Schoelzer, p. 328-329]

Ugo Bardi

Liens :

Puisqu’on parle de Napoléon, voici une critique de livre sur le personnage du très bon, le minarchiste

Napoléon le libéral? (1/2)
Napoléon le libéral? (2/2)

Le Deep State s’accroche

Posted: 14 Dec 2016 05:16 AM PST

Article original de James Howard Kunstler, publié le 5 Décembre 2016 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.frRésultats de recherche d'images pour « deep state images »

Un angle amusant, au sujet de l’attaque cinglante de la presse concernant le «piratage» de l’élection américaine par la Russie, c’est son échec à mentionner – ou même à imaginer! – que les États-Unis utilisent incessamment et continuellement de la propagande sous la forme d’opérations psychologiques contre tous les autres pays dans le monde. Et je ne parle même pas des vénérables et anciens organes de propagande, comme Voice of America et Radio Free Europe (rappel : le Rideau de fer est tombé il y a un quart de siècle). Croyez-vous que personne, à Langley, au Pentagone ou à la NSA, avec son centre de données dans l’Utah, d’une superficie d’environ 140 000 mètres carrés, ne travaille nuit et jour à semer la confusion parmi les autres sociétés, pour pousser l’avantage de nos différents agendas?


La principale offensive a commencé avec la publication du Washington Post le 26 novembre de La Liste, une histoire étiquetant des douzaines de blogs et de sites web comme fournisseurs de «fausses informations» pilotées par les forces russes de désinformation. La liste comprenait Zero Hedge, Naked Capitalism et le blog de David Stockman. Il y avait plusieurs sites pourris mêlés à la liste, pour l’assaisonnement – Le Daily Stormer (nazi), Endtime.com (évangélique apocalyptique), GalacticConnection (merdes UFOlogistes). Le reste varie entre tabloïds et commentateurs véritables apportant de précieuses informations. A quoi d’autre pouvions nous nous attendre, dans une société avec Internet ET un consensus complètement incohérent sur la réalité?

De toute évidence, la lutte entre les médias grand public et les médias sur le Web a atteint son apogée au cours de l’élection, avec le courant dominant quasi unanimement pour Hillary, avant de faire une dépression nerveuse quand elle a perdu. Désespérés d’expliquer cet échec, les deux grands journaux démodés, The New York Times et The Washington Post, ont fait courir l’histoire de la Russie piratant l’élection – parce que seule une intervention satanique pouvait expliquer la chute de Mme C’est-mon-tour / Je-suis-avec-elle. Ainsi, l’histoire est sortie, la Russie a piraté le Comité national démocratique (DNC), a donné les emails piratés à Wikileaks, et a saboté non seulement Hillary elle-même, mais les moyens de subsistance de chaque myrmidon de la termitière du Deep State de l’Amérique, un acte impardonnable.

Également intéressant, ces journaux et leurs serviteurs à la télévision étaient beaucoup moins concernés par la question de savoir si les informations divulguées étaient vraies ou non – par exemple celles sur l’influence des donateurs de la Fondation Clinton sur les transactions d’armes validées par le Département d’État, la campagne de la DNC visant à saper Bernie Sanders dans les primaires, la présidente temporaire de la DNC (et employée de CNN) Donna Brazille transmettant les questions de débat à Hillary, le contenu des discours d’un quart de million de dollars de Hillary, donnés dans les banques de Wall Street. Tout cela s’est avéré être vrai, bien sûr.

Quelques semaines après l’élection, la Chambre des représentants des États-Unis a adopté l’article H. 6393, Loi sur l’autorisation du renseignement pour l’exercice 2017. Le blogueur Ronald Thomas West a déclaré:

L’article 501 demande au gouvernement de «contrer les mesures actives prises par la Russie pour exercer une influence dissimulée […] menée en coordination avec les dirigeants politiques ou les services de sécurité de la Fédération de Russie et le rôle de la Fédération de Russie reconnu publiquement ou non.»

La mesure n’a pas encore été adoptée par le Sénat ou n’a pas encore été promulguée, et les congés de fin d’année pourrait empêcher cela. Mais il est facile de voir comment cela permettrait à l’État profond de fermer tous les sites Web qu’ils déteste. Ma référence à l’État profond pourrait même impliquer pour certains lecteurs que je suis infecté par le virus de la paranoïa. Mais je parle simplement de la matrice massive de «sécurité» et de surveillance qui a sans aucun doute augmenté depuis les attentats du 11 septembre, créant une gigantesque superstructure autour de la NSA et au-delà, avec la CIA, la DIA et le FBI.

Une petite paranoïa au sujet du comportement fasciste croissant du gouvernement américain est un correctif utile, devant des tendances dont les citoyens devraient se préoccuper – par exemple, la militarisation de la police, l’escroquerie du scandale de la «déchéance civile» qui permet à la police de voler l’argent liquide des citoyens et des biens sans aucune procédure légale, l’application préférentielle de la loi dans le traitement des activités de la Fondation Clinton et l’inconduite des dirigeants bancaires, la tentative d’imposer une «société sans numéraire» qui enfermerait tous les citoyens dans un centre de surveillance financier pour éliminer leur liberté économique.

Ces questions sont particulièrement cruciales, alors que la nation trébuche vers sa prochaine crise financière et que l’État profond se désespère de récolter chaque nickel qu’il peut, pour sauver lui-même et la caste des banques et des institutions connexes Too-Big-To-Fail des Fannie Mae et Freddie Mac, qui sont sur le point de se retrouver avec des conteneurs entiers de prêts hypothécaires improductifs sans valeur, sans parler des caisses de retraite et des compagnies d’assurance, qui sont également en train de se dissoudre dans le grand tourbillon qui est susceptible de débuter quand Trump pendra son emblème doré sur le portique de la Maison Blanche.

James Howard Kunstler

L’élection du Peak Oil

Posted: 13 Dec 2016 01:40 AM PST

Article original de Ugo Bardi, publié le 1er Décembre 2016 sur le site CassandraLegacy
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

The Victory Report

Le pic de la production de brut conventionnel a été atteint entre 2008 et 2011. Il semble que nous ayons dépassé le pic «tous liquides» en 2015, bien qu’il faudra encore un peu de temps pour s’assurer qu’une tendance à la baisse irréversible ait bien commencé. Bien sûr, atteindre le sommet a généré un déni véhément que le pic même existe. Dans cet article, Eugène Marner commente comment et pourquoi les élections présidentielles ont complètement ignoré les faits réels de la baisse de l’approvisionnement en énergie nette des combustibles fossiles.


The Daily Star, par Eugene Marner

Ici aux États-Unis, nous avons tenu récemment une élection qui en a surpris et consterné beaucoup puis rendu impatients beaucoup d’autres pour expliquer ce qui s’est passé, pourquoi cela s’est produit et ce que nous faisons maintenant. Beaucoup de pensées profondes et de respirations lourdes ont transpiré dans ces analyses et je ne veux pas rivaliser ici avec les étudiants en histoire et en politique. J’aimerais cependant offrir ce que je pense être une partie importante du contexte des événements récents, un contexte qui est défini et appliqué par la géologie et la physique. Je suggère que l’élection de 2016 peut être appelée l’élection du Peak Oil, même si la question n’a certainement jamais été soulevée en public.

En novembre 2000, The Daily Star a publié un de mes articles dans lequel j’ai écrit sur le Peak Oil, au moment où la production mondiale de pétrole atteignait son maximum et commençait son déclin inévitable. J’avais espéré inciter les gens à réfléchir aux graves conséquences que cela entraînerait lorsque le pétrole, la principale ressource qui alimente et soutient notre civilisation, ne serait plus disponible en grande quantité et à bon marché. Manifestement, cela n’a pas très bien fonctionné, car la plupart des gens n’ont toujours aucune idée de ce que signifie le Peak Oil et encore moins des conséquences qui en découlent autour de nous en ce moment. Sans doute nos médias, toujours complices de l’agenda des corporations (les compagnies pétrolières sont de grands annonceurs), n’ont pas beaucoup contribué à informer le public mais, plus inquiétant que le mépris de la population, c’est l’ignorance apparemment absolue des deux principaux candidats présidentiels et de la plupart de leurs conseillers et entourages ainsi que le Congrès. Le Corps d’ingénieurs de l’Armée a publié un rapport en septembre 2005 intitulé Energy Trends and Implications for US Army Installations qui sonnait l’alarme au sujet du Peak Oil à venir, mais il n’a pas obtenu beaucoup d’attention non plus.

L’économie est largement reconnue comme étant le facteur critique dans la plupart des élections. Donald Trump et Hillary Clinton, comme la plupart des politiciens partout dans le monde, ont parlé et continuent de parler de «croissance économique». Les électeurs peuvent pardonner les scandales, le fanatisme, la négligence, la stupidité et à peu près tout le reste, mais quand ils voient leur niveau de vie tomber, les emplois disparaître, leurs enfants sans avenir (et parfois sans rien à manger), ils accusent les politiciens, à tort ou à raison. Les politiciens prétendent généralement avoir des solutions qui impliquent presque toujours un chemin ou l’autre vers la «croissance».

Bien qu’aucun d’entre nous vivant aujourd’hui ne se souvienne d’un moment où la croissance économique ne faisait pas partie de nos attentes pour l’avenir, une telle croissance n’a été mise en œuvre que depuis environ 200 ans. Jusqu’à ce que les combustibles fossiles soient devenus l’énergie qui a alimenté la révolution industrielle, les économies ont grandi en faisant la guerre à leurs voisins et en s’emparant de leur richesse. C’était la substance de l’Histoire : les empires se sont levés sur le principe de capturer le territoire pour exiger des tributs et avant de finir par s’effondrer sous le poids de leurs coûts militaires et des dépenses pour remorquer tout le butin à la maison.
Les Européens avaient presque épuisé les ressources de leur coin d’Europe continentale eurasienne quand Christophe Colomb tomba sur ce qu’on a appelé le Nouveau Monde. Bien sûr, il était tout aussi ancien que n’importe quel autre endroit et, contrairement à la mythologie persistante, n’était pas vide, mais plein d’animaux, de plantes et, oui, de millions d’êtres humains vivant dans des cultures complexes. Pendant les trois siècles qui suivirent, les Espagnols et les Portugais, et bientôt les Hollandais, les Français et les Anglais, traversèrent l’Atlantique pour vaincre, conquérir, tuer et voler les habitants. L’Europe redevint riche. C’est ainsi que la croissance a été faite avant 1800 et le début de l’âge des combustibles fossiles.

Dès le début du XIXe siècle, la révolution industrielle était alimentée par du charbon, qui était sale, mais qui contenait beaucoup plus d’énergie que le bois et le charbon de bois, les principaux carburants que les humains utilisaient jusqu’alors. En 1859, un manipulateur qui s’appelait lui-même «le colonel» Edwin Drake a foré le premier pétrole commercialement viable à Titusville, en Pennsylvanie, et l’âge du pétrole a commencé.

Le pétrole est un combustible incomparable : au début il a été facilement extrait, facilement transporté et, cerise sur le gâteau, un seul gallon d’huile contenait autant d’énergie qu’un homme apte à travailler dur pendant trois mois, ou environ 700 hommes travaillant pendant une heure. Un gallon. Cette énorme quantité d’énergie soudainement disponible est ce qui a donné lieu à ce que nous appelons maintenant la «croissance économique». Plus de production et de consommation exigent plus d’intrants énergétiques et le pétrole a rendu cela possible. Mais sur une planète finie, rien ne peut durer éternellement et, dans les années 1960, les compagnies pétrolières ont commencé à trouver moins de pétrole chaque année que nous n’en brûlions. Ainsi, environ 40 ans plus tard, voici venue l’heure du Peak Oil. Le charbon et le gaz continueront d’être disponibles pendant un certain temps, mais les deux commenceront aussi à décliner dans une décennie ou deux. Les deux ont déjà des problèmes financiers sérieux, et ni l’un ni l’autre ne peut faire ce que le pétrole fait.

Permettez-moi de revenir sur les raisons pour lesquelles j’ai appelé cela l’élection du Peak Oil. Aucun des deux candidats n’en a parlé. Peut-être qu’ils ne savent rien à ce sujet. Ou s’ils le savent, ils ne veulent pas le croire. Ou peut-être qu’aucun politicien ne peut être élu en promettant que l’économie continuera à se contracter et que les approvisionnements en énergie deviendront toujours plus rares. C’était l’élection du Peak Oil parce que le pic pétrolier les a battu tous les deux. Sans augmentation de la consommation d’énergie, il ne peut y avoir de croissance économique et, sans augmentation des approvisionnements, il ne peut y avoir d’augmentation de la consommation d’énergie. Les énergies renouvelables dépendent totalement des combustibles fossiles pour leur fabrication, l’installation et l’entretien et sont beaucoup moins des concentrés d’énergie que les combustibles fossiles.

Puisque la production pétrolière ne peut pas être augmentée, la croissance économique est maintenant terminée, c’est un fait. La promesse de Donald Trump de reprendre la production de charbon, d’accroître l’extraction de tous les combustibles fossiles et de reconstruire l’industrie ne se produira tout simplement pas, non pas à cause de Trump, mais parce que la politique [au sens actuel, NdT] n’est plus la solution. Désormais, ce sont la géologie et la physique qui décident. Le reste du pétrole est trop cher à obtenir et à extraire. Les compagnies pétrolières ne peuvent pas réaliser de bénéfices au prix que les clients d’une économie en contraction peuvent se permettre de payer. Le jeu de la croissance est terminé, comme le sera bientôt la multitude des fraudes financières qui, à partir du pic de la production pétrolière des États-Unis en 1970, sont venus parasiter une grande partie de notre économie.

Nous avons besoin d’un nouveau type de politique et d’économie : locale, coopérative, communautaire, peu énergivore, écologiste, non polluante, une économie qui soutient durablement les besoins biologiques et la santé, plutôt que de poursuivre l’accumulation des richesses. Je ne pense pas que les politiciens vont faire cela pour nous. Nous devrons le faire pour nous-mêmes.

Dans la Genèse 3:19, Dieu instruit Adam de son châtiment pour sa désobéissance : «C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain…» Apparemment, les humains n’aiment pas tellement cela, comme toute l’Histoire le montre, qui les voit essayer de contourner ce décret par tous les moyens possibles : forcer les autres à faire le travail (l’esclavage), s’enrichir et embaucher d’autres pour faire le travail (esclavage salarial), ou en brûlant le pétrole (esclavage énergétique). Il est encore temps pour la coopération communautaire, pour des solutions de faible technologie comme la puissance des bœufs, des chevaux et des mulets, pour des technologies simples relativement peu coûteuses qui peuvent être fabriquées localement, comme des houes, des faux et des fourches et pour la sueur de nos visages. Ce n’est pas une question de vertu, mais de nécessité. Une vie plus simple est le futur, que nous choisissions ou non de l’embrasser.

Eugene Marner vit à Franklin.

Ugo Bardi

Guerre hybride 8. Stratégies de guerre hybride contre l’Afrique (IIB) 1/2

Posted: 12 Dec 2016 08:33 AM PST

Article original de Andrew Korybko, publié le 2 Décembre 2016 sur le site Oriental Review
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.frLa première partie de la recherche sur la Corne de l’Afrique a décrit la dynamique politique régionale d’État à État et il est maintenant temps d’approfondir les positions stratégiques de chaque pays.

Hybrid Wars 8. Strategies Against Africa – Introduction 

Cela permettra de mettre l’accent dans la dernière section sur les vulnérabilités de la guerre hybride dans la région et d’être plus compréhensible pour le lecteur, étant donné que quelques-uns des scénarios exigent certainement des informations de base détaillées afin de bien comprendre la manière dont les États-Unis entendent les appliquer efficacement.

 

Somalie

Aperçu

Ce pays déchiré par la guerre civile semble avoir dépassé le pic de sa crise après plus de deux décennies et il est finalement sur la voie de la reprise, même si elle sera probablement prolongée et musclée et qu’elle pourrait prendre quelques dizaines d’années pour s’exprimer pleinement. À ce stade, Mogadiscio lutte pour faire valoir son autorité dans tout le reste du pays, et c’est là que se pose le principal obstacle à tout effort de reconstruction efficace. La Somalie a été démembrée, dans le sang, en une poignée de territoires dirigés par des seigneurs de la guerre, dont aucun ne veut vraiment céder à d’autres sa souveraineté durement acquise, et encore moins à une autorité centrale responsable pour tous. Pour tenter de s’adapter à cette réalité, la Somalie a mis en place un système fédéral en 2012, même si elle avait des plans transitoires depuis 2004.

Malgré le fait que les États-Unis ont officiellement reconnu les autorités de Mogadiscio en 2013, il est pratiquement impossible de parler d’un gouvernement national et cela restera ainsi probablement dans un avenir indéfini. Les militaires officiels n’ont ni la capacité ni le soutien international pour combattre simultanément les terroristes d’Al Shabaab (qui se sont révélés être une menace formidable et déstabilisante sur le plan international) et les « seigneurs de la guerre fédéraux ». Plus que probablement, la Somalie ne retrouvera jamais l’unité politique cohérente qu’elle avait autrefois, avant 1991, et c’est une réalité géopolitique que le gouvernement fédéral, ses diverses principautés de seigneurs de la guerre et la communauté internationale semblent prêts à accepter et à gérer. Avec tous les défis que cela promet, il y a aussi quelques occasions à exploiter pour des acteurs intéressés et ambitieux.

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Institutionnalisation des seigneurs de la guerre

Le principal facteur intérieur qui définit l’avenir géopolitique de la Somalie est la mise en œuvre du fédéralisme qui, dans son contexte particulier, se traduit par une institutionnalisation des seigneurs de la guerre dans tout le pays. Il n’était pas possible pour le gouvernement de Mogadiscio de réaffirmer le contrôle sur le reste du pays, et la montée en puissance de l’Union des tribunaux islamiques (UTI) a prouvé à quel point les acteurs non étatiques radicaux pouvaient devenir plus forts que leurs gouvernements d’accueil. À bien des égards, la montée de l’UTI a précédé la montée de Daesh, et il est certainement approprié de considérer les deux comme stratégiquement et même tactiquement liés, au sens large. À côté de la montée de l’UTI, on a vu l’autonomisation et l’auto-proclamation de l’État indépendant du Somaliland et de son homologue autonome, mais non séparatiste, du Puntland. La capitale a eu beaucoup de difficulté à exercer son autorité sur son territoire. Alors que le Puntland est toujours fidèle à l’État somalien, le Somaliland s’efforce de devenir indépendant, et il se comporte déjà de facto comme tel. Les autres régions de Galmudug, de l’État du Sud-Ouest et du Jubaland sont plus sous l’influence de Mogadiscio que les deux ci-dessus, mais la capitale fédérale n’a toujours pas la pleine et totale souveraineté sur tout son territoire et toutes ses activités.

Il convient de préciser à ce stade que les régions qui viennent d’être décrites sont constituées de certaines des 18 provinces distinctes reconnues par la loi dans le pays et que si la Somalie n’est pas officiellement divisée en plusieurs régions fédérales différentes, la réalité du terrain démontre que tel est le cas et que cela restera probablement ainsi. Il est donc important de se rappeler que les constructions régionales mentionnées ne sont pas formellement reconnues par la Constitution de 2012 mais reflètent plutôt les réalités trans-provinciales de la mise en œuvre du fédéralisme identitaire des réalités basées sur les clans et les seigneurs de la guerre en Somalie.

Voici une carte approximative de la distribution régionale de facto :

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  • Rouge : Somaliland.
  • Jaune : Puntland.
  • Hachures rouges et jaunes : territoire disputé entre le Somaliland et le Puntland, principalement contrôlé par le premier pour le moment.
  • Vert : Galmudug.
  • Blanc : Mogadiscio et ses alentours.
  • Bleu : État du Sud-Ouest.
  • Violet : Jubaland.

Comme il ressort de ce qui précède, le Somaliland et le Puntland sont d’une importance critique pour contrôler la mer d’Aden et l’entrée du détroit de Bab-el-Mandeb qui la relie à la mer Rouge. Cela explique pourquoi les Émirats arabes unis prétendent construire une installation navale dans le Somaliland, qui est beaucoup plus développé, stable et indépendant que le Puntland (qui est le lieu de résidence de la plupart des pirates notoires de la dernière décennie). Le différend territorial entre ces deux États ne semble pas en voie de se transformer en un conflit important, mais si l’ancien président du Puntland réussit à convertir sa candidature à la présidence nationale, il pourrait évidemment conclure un accord avec Mogadiscio et peut-être même la communauté internationale (représentée le plus directement par les forces de l’Union africaine en Somalie, l’AMISOM) pour obtenir leur soutien en faisant un mouvement militant pour régler ce conflit une fois pour toute sous prétexte de promouvoir l’unité nationale et de lutter contre le sécessionnisme. On passerait probablement à une autre phase de la guerre civile du pays, profitant des succès politiques internes enregistrés au cours de la dernière décennie.

Dans un avenir immédiat, toutefois, le Somaliland devrait rester farouchement indépendant et ne cédera rien, inutilement, de sa souveraineté de fait à Mogadiscio, à moins qu’il n’y gagne (ou pense pouvoir gagner) beaucoup plus d’avantages qu’il ne le croit en acceptant des compromis. Le fait que le Somaliland soit, à toutes fins utiles, un État indépendant de facto, mais non reconnu, et continuera d’être traité comme tel par divers acteurs intéressés comme les EAU, il convient également de parler des autres domaines d’influence étrangère apparaissant en Somalie et comment ils se rapportent à la dynamique internationale plus large de la région de la Corne de l’Afrique. Jubaland, le territoire coloré de violet le long de la frontière du sud-ouest du pays, est la tranche de Somalie que l’État d’Afrique de l’Est du Kenya traite unilatéralement comme sienne, en envoyant parfois des forces militaires et en y conduisant des frappes aériennes pour combattre Al Shabaab. La prochaine section de cet article sur l’Afrique de l’Est, qui concerne ce pays en particulier, expliquera la crainte du Kenya vis-à-vis du nationalisme somalien et d’Al Shabaab, mais pour l’instant il suffit de savoir que Nairobi évalue Jubaland comme étant dans sa sphère d’influence exclusive, opérant de fait comme un État tampon en isolant le pays du reste des malheurs de la déstabilisation de la Somalie.

En ce qui concerne les autres, il reste à voir exactement sous quelles influences étrangères ils vont tomber, mais il est raisonnable d’affirmer que l’Éthiopie aura toujours un intérêt dans leurs activités. En rétrospective de l’intervention antiterroriste de 2006 contre l’ICU, l’Éthiopie est entrée dans le pays par les régions qui sont maintenant généralement identifiées comme Galmudug, Mogadiscio et le Sud-Ouest, soulignant ainsi l’importance d’Addis-Abeba pour influer directement les événements intérieurs somaliens. Il est prévu que cette réalité géopolitique demeurera constante, même si l’on ne sait pas jusqu’à quel point l’Éthiopie pourra influencer ces régions à l’avenir et si elle y parviendra ou non avec une autre intervention antiterroriste. Ce dernier scénario n’est pertinent que si Al Shabaab lance une invasion transfrontalière de type Daesh visant à établir un califat terroriste ou s’il déclenche une sorte de provocation similaire dans cette vaste région somalienne anciennement appelée Ogaden. Si cela se produisait, l’Éthiopie pourrait finir par répéter son opération de 2006 et, par la suite, occuper aussi des parties du pays durant les prochaines années. Cela dépend toutefois des capacités des militaires sur la durée et d’une crise domestique telle qu’une lutte séparatiste (pré-planifiée et temporisée) contre les nationalistes oromistes, qui pourrait l’obliger à hâter un retrait précoce et à se concentrer davantage sur ses menaces les plus immédiates et purement internes.

En résumé, la mise en œuvre du fédéralisme identitaire dans le contexte national spécifique de la Somalie et dans ses conditions sociopolitiques a, en effet, institutionnalisé les seigneurs de la guerre qui prévalent dans le pays depuis des décennies, et cela pose des défis évidents aux autorités fédérales de Mogadiscio. Cela apporte aussi certaines opportunités aux États étrangers pour préciser définitivement les sphères d’influence qu’ils envisagent. Cet état de choses est le plus mutuellement visible dans le petit État, indépendant de facto, du Somaliland, mais il peut également se produire dans n’importe lequel des autres, surtout si une crise politique intérieure à venir les amène à couper les liens établis avec Mogadiscio et à employer leurs milices respectives pour se créer dans le sang un fief plus souverain sur leurs territoires. En outre, les domaines d’influence mentionnés ne sont pas toujours mutuellement acceptés par la région hôte envisagée et par leur partenaire étranger puisque, comme dans le cas du Kenya ci-dessus avec le Jubaland et de l’Éthiopie avec Galmudug, Mogadiscio et le Sud-Ouest, une action étrangère unilatérale pourrait être imposée selon l’avancement des intérêts subjectivement définis de chaque État intervenant.

La curée sur la Somalie

Cette réalité géopolitique nationale coïncide directement avec les détails susmentionnés sur l’institutionnalisation des seigneurs de la guerre, mais mérite d’être mentionnée comme une vulnérabilité propre, interne et un facteur stratégique en raison de son importance à grande échelle. Les Émirats arabes unis et éventuellement les autres partenaires du CCG se mobilisent militairement en Somalie. L’Éthiopie a des antécédents d’intervention et d’occupation militaire prolongée à Galmudug, Mogadiscio et dans le Sud-Ouest, et le Kenya s’implique occasionnellement au Jubaland, ce qui prouve que les pays étrangers s’efforcent de délimiter leurs intérêts dans une Somalie centralement faible et aux régions largement autonomes. Ce n’est pas tout, puisque la Turquie, comme on l’a mentionné dans la Partie I, s’intéresse à la création d’une base militaire à l’intérieur du pays, même si elle se concentre sur la région de Mogadiscio. Cela ferait d’elle le deuxième État non africain à avoir une présence militaire indéfinie dans le pays, bien que les bases de drones secrètes des États-Unis ne doivent pas non plus être oubliées. De plus, l’Union africaine (UA) entretient des installations militaires à l’intérieur du pays et c’est par le biais de la Mission de l’UA en Somalie (AMISOM) que des pays comme le Burundi et l’Ouganda ont déployé légalement leurs forces respectives.

Si l’on veut réduire l’échelle et passer des acteurs étatiques aux acteurs non étatiques, cela vaut la peine d’évoquer à nouveau le rôle présumé de l’Érythrée dans le soutien aux terroristes d’Al Shabaab et le lien que ce groupe entretient avec le Qatar. S’agissant d’Asmara [capitale de l’Érythrée, NdT], il s’avère qu’elle a utilisé (et continue peut-être encore) cette organisation dans le cadre de sa guerre par procuration à l’échelle régionale contre Addis-Abeba [capitale de l’Éthiopie, NdT], alors que Doha y voit une armée par procuration qui pourrait avancer ses objectifs idéologiques et géopolitiques respectifs. Encore une fois, il n’existe pas de preuve flagrante qui relie l’un ou l’autre de ces deux pays à Al Shabaab. Cela laisse donc planer un doute raisonnable, mais les arguments existants et les éléments de preuve fournis sont assez convaincants pour supposer qu’une sorte de lien entre eux existait et probablement existe encore dans une certaine mesure. De là, l’analyse peut procéder à l’incorporation d’acteurs non étatiques en tant qu’agents pour décupler les facultés géopolitiques de certains États, ce qui renvoie vers l’attention aux États régionaux fédérés et à l’interaction que les États ont avec eux et leurs milices respectives (amicaux tels que les Émirats arabes unis et le Somaliland ou hostiles comme lors des incursions du Kenya dans le Jubaland).

Conformément aux principes du fédéralisme identitaire que l’auteur a décrits auparavant et a périodiquement cités tout au long du livre, on s’attend à ce que les États étrangers intensifient leurs relations diplomatiques d’État à non-État au sein des pays identitaires fédérés tels que la Somalie. Puis ayant examiné la signification géopolitique du pays dans la politique globale, nous supposons que cela va s’accélérer à court et à moyen terme et inaugurer une compétition pour la curée en Somalie.

Les renégats

Le dernier problème affectant l’appréciation de la stabilité intérieure de la Somalie est le rôle d’Al Shabaab, que l’auteur décrit comme un groupe terroriste renégat qui pose une menace régionale à égalité avec Daesh. Le terme renégat est appliqué à l’organisation parce qu’elle contrevient à toutes les normes et pratiques internationales établies et quelle est utilisée par ses deux partenaires présumés que sont l’Érythrée et le Qatar pour déstabiliser la région de manière non conventionnelle. Al Shabaab, tout comme Daesh, pourrait un jour se retourner contre ses anciens partenaires et complètement disjoncter en devenant une source incontrôlable d’ennuis pour tous les acteurs concernés, que ce soit ses victimes ou ses anciens clients. L’interférence du nationalisme de la « Grande Somalie », du sentiment anti-éthiopien (qui pourrait largement être manipulé sous la bannière inclusive de l’« anti-impérialisme ») et du djihadisme wahhabite rend le message du groupe attrayant pour les jeunes égarés et les individus isolés qui mettent l’une de ces trois plates-formes idéologiques au-dessus du reste des idéaux de leur vie. Si Al Shabaab exploite efficacement l’éventail des appuis qu’il pourrait éventuellement engranger en exploitant individuellement chacune de ces trois idéologies fédératrices, puis en les regroupant sous l’égide collective de son organisation, le groupe terroriste pourrait recevoir un soutien de la part de certaines composantes clés et rapidement en arriver au niveau des forces que son prédécesseur, l’ICU, avait autrefois réunies.

Le groupe terroriste renégat réussira certainement à susciter une ou plusieurs interventions militaires s’il réussit à gagner en importance et en puissance. Pour commencer, l’Éthiopie interviendrait presque certainement dans une mesure limitée ou totale afin d’empêcher sa région somalienne (autrefois appelée Ogaden) de tomber, victime de la contagion idéologique propagée par Al Shabaab. Le Kenya, lui aussi, serait contraint de faire quelque chose de semblable vis-à-vis du Jubaland, à la fois pour protéger ses propres intérêts et aussi pour le concours de leadership régional qui se joue entre lui et l’Éthiopie. Nairobi ne souhaiterait pas céder stratégiquement un morceau de la sphère d’influence qu’il envisage dans le sud-ouest de la Somalie à l’Éthiopie celle-ci pouvant élargir toute intervention à venir pour y inclure cette zone. L’Union africaine serait probablement aussi impliquée, bien que ses mécanismes politiques internes puissent l’empêcher de prendre une décision aussi immédiate et résolue que l’Éthiopie ou le Kenya, ce qui en fait le troisième participant le plus susceptible d’intervenir directement militairement, surtout dans le cas où elle serait toujours présente dans le pays au moment de ce scénario (ce qui est tout sauf assuré) pour renforcer ses forces avant une campagne offensive robuste. On peut aussi supposer que les États-Unis joueront un rôle de Lead From Behind par des frappes aériennes sélectives via des drones, des incursions de forces spéciales et un avis stratégique à l’une ou l’autre, ou à toutes les armées intervenantes.

Compte tenu de toutes les branches déstabilisantes du scénario « liberté pour tous » qui pourraient de manière prévisible se développer en réponse à la montée d’Al Shabaab en Somalie, il est juste de dire que cette organisation terroriste représente le facteur renégat ultime dans le pays et peut-être dans toute la Corne de l’Afrique et, par extension kenyane, à des parties de l’Afrique de l’Est aussi.

Djibouti

La petite Djibouti est devenue l’un des États les plus géostratégiques et convoités de toute l’Afrique. C’est entièrement le résultat de sa position le long du détroit de Bab-el-Mandeb et de sa connectivité ferroviaire financée par la Chine pour l’expansion de l’économie éthiopienne. Ses installations portuaires permettent à une poignée de ses partenaires militaires les plus proches d’affirmer leur part d’influence dans leur rôle de « portiers » maritimes vers l’Europe à côté de l’Égypte et son contrôle sur les deux canaux de Suez.
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La grande attention diplomatico-militaire qui a été donnée à Djibouti prouve qu’il y a une concurrence active en cours entre les différentes puissances pour égaler ou au moins s’approcher du rôle de l’Égypte en ce qui concerne le flux de marchandises entre l’Europe et l’Asie  par la mer Rouge. À grande échelle, cela indique que le monde est conscient de la double nature maritime et continentale de la politique des Routes de la Soie – One Belt One Road – de la Chine et que si les acteurs unipolaires s’y confrontent frénétiquement et tentent de bloquer les portions continentales le long de la frontière russe, ils essayent aussi simultanément de faire quelque chose de similaire en ce qui concerne l’aspect maritime le long du détroit de Bab-El-Mandeb à Djibouti.

Il n’est pas du tout envisagé qu’ils prévoient de fermer le passage maritime à court terme, mais ce sont des capacités potentielles que les États-Unis et leurs alliés du CCG veulent d’atteindre (ces derniers étant démasqués dans la guerre au Yémen). Cela représente une menace stratégique pour le monde multipolaire au même titre que celle posée avec le détroit de Malacca et sa fonction de connectivité interrégionale. C’est pourquoi la concentration sur Djibouti est d’autant plus importante que ce pays est devenu hôte de beaucoup d’installations militaires variées, mises en place par une poignée d’États géographiquement diversifiés, renforçant ainsi la concurrence qui a été déployée pour un accès avantageux (et un potentiel de sauvegarde proactif) au niveau de Bab-el-Mandeb depuis la fin des années 2000. L’effarouchement par des pirates a servi de fondement à l’ouverture de la brèche navale internationale.

Trop de cuisiniers dans la cuisine

Comme dit le proverbe, il y a « trop de cuisiniers dans la cuisine ». Cela signifie qu’il y a trop de décideurs dans un trop petit un espace. C’est le cas quand il s’agit de la multitude d’acteurs militaires sur le terrain à Djibouti, qui comprend les États-Unis, la Chine, la France, le Japon et bientôt l’Arabie saoudite. On peut comprendre que les forces unipolaires aligneront généralement leurs opérations de renseignement contre la Chine, tout comme la Chine le fera contre toutes les autres parties en réponse proactive, mais aucun des deux camps ne devrait nuire physiquement à l’autre. Au lieu de cela, Djibouti se transforme en un nid d’espions et une base opérationnelle avancée pour les drones, les forces spéciales et autres types de participation non conventionnelle dans les affaires de la région, sans parler de l’emploi des forces navales conventionnelles. Le petit État étant utilisé comme un tremplin pour la promotion des grandes stratégies régionales, on pourrait ironiquement dire qu’il est « trop petit pour échouer / Too Small to fail », c’est-à-dire que la base stratégique est trop petite pour tous les acteurs concernés, de sorte qu’aucun d’entre eux ne peut se permettre d’ébranler sa stabilité et risquer de compromettre un déploiement intéressé dans le pays.

Menaces de révolutions de couleurs

Comme c’est regrettablement typique, ce n’est probablement qu’une question de temps pour qu’un dilemme de sécurité ne se développe entre les États-Unis et la Chine, par lequel les alliés du Pentagone vont agir ensemble et élaborer un plan pour protéger leurs intérêts militaires en même temps qu’ils inventeront une excuse qui vise agressivement à saper la position de la Chine. Le bilan des déstabilisations des États-Unis suggère que Djibouti n’est évidemment pas immunisé, en dépit des présences militaires des États-Unis et de leurs alliés et de leur intérêt superficiel apparent à maintenir la stabilité générale là-bas. La motivation des États-Unis pour miner le gouvernement actuel du président Guelleh est de le presser à renier son accord d’implantation d’une base militaire avec la Chine ou de le remplacer par un pantin complaisant qui exécutera les ordres qu’il aura refusés. À la suite du manuel documenté des stratégies de Révolution de couleur, on peut donc s’attendre à ce que les États-Unis commencent bientôt à susciter des menaces de guerre hybride contre le gouvernement et, dans cette perspective, les émeutes anti-gouvernementales de décembre 2015 peuvent être considérées comme un avertissement à Guelleh de ce qui pourrait venir plus tard s’il ne respecte pas les souhaits de Washington.

Le potentiel de dégâts collatéraux de ce schéma est que Guelleh pourrait finir par éjecter les bases militaires US, au lieu de celles de la Chine s’il est forcé de repousser – avec le conseil chinois ou l’assistance directe – une menace de guerre hybride assez grave pour son gouvernement. En outre, même si l’opération de changement de régime réussit à éliminer le président, son remplaçant pourrait ne pas être exactement celui attendu, ou l’individu choisi pourrait finir par être influencé de manière préemptive par la Chine et donc stratégiquement neutralisé dans la réalisation de politiques dommageables contre ses intérêts. Les circonstances imprévisibles qui peuvent ainsi (et en général, c’est ce qui se passe typiquement et de façon chaotique) se traduire par un début unipolaire de guerre hybride finissant par renverser les gains stratégiques espérés et ironiquement infliger des dommages à leurs créateurs. Djibouti est si important pour la stratégie unipolaire que la déstabilisation délibérée du pays n’est pas un scénario qui doit être considéré à la légère par les décideurs concernés. C’est à dire ceux qui, finalement, décident de faire le coup de feu ou non pour mener à bien leurs opérations, sachant inversement, que c’est tout aussi important (sinon plus) pour la grande stratégie de la Chine, il est possible que certains d’entre eux se sentent assez confiants pour se lancer dans ce dangereux gambit.

Afar et le nationalisme somalien

Le Tripwire

Dans l’éventualité d’une rupture de l’autorité de l’État, probablement déclenchée par une Révolution de couleur et une poussée latente de guerre hybride par les unités unipolaires de renseignement basées à Djibouti, il est probable que le pays se divise en groupes identitaires violents. Sur le plan démographique, environ 60% du pays est peuplé par le clan issa-islamique somalien, alors qu’environ 35% est habité par les Afars, un groupe transnational de personnes dont le territoire s’étend à travers Djibouti, l’Érythrée et l’Éthiopie (ce dernier leur a accordé un État fédéral géographiquement vaste). Il est également important de noter à ce stade que l’ancienne colonie française du Djibouti moderne a été appelée le Territoire français des Afars et des Issas lors de la période 1967-1977, immédiatement avant l’indépendance, en soulignant le rôle que les deux peuples ont joué dans le pays depuis au moins le demi-siècle passé (si ce n’est évidemment depuis plus longtemps). Les tensions entre les deux parties ont atteint leur apogée violente lors de la guerre civile de Djibouti de 1991-1994 qui a vu les rebelles d’Afar lutter contre le gouvernement somalien-Issa, mais au final les autorités et leurs constituants ethniques numériquement plus grands ont prévalu et le Président Guelleh a été élu en 1999. C’est un homme du clan ethnique Somali / Issa.

Il est important de souligner que les Afars ont surtout concentré leur activité de guerre civile dans les régions du nord du pays d’où ils sont originaires et que dans le schéma actuel, cela placerait le chemin de fer Éthiopie-Djibouti en dehors de leur zone d’opérations prévisible si une seconde guerre civile (aussi improbable que cela puisse paraître à l’heure actuelle) éclatait à l’avenir. Considérant que ce chemin de fer est l’épine dorsale de l’importance stratégique de Djibouti pour l’arrière-pays africain, il convient donc d’examiner comment il pourrait être affecté géopolitiquement par le nationalisme somalien réactionnaire (voire proactif) dans un scénario de guerre hybride basé sur les identités à Djibouti. En raison des circonstances historico-coloniales et de l’indépendance de leur propre État souverain en 1977, les Issa-Somalis ont cultivé une identité distincte de leur État-nation somalien et de leurs compatriotes homonymes. Ils ont prouvé, après le début de la guerre civile de 1991, être beaucoup plus profondément divisés que l’image initiale donnée pendant la guerre froide et l’administration de Siad Barre durant la période 1969-1991.

Identité, unité et désunion

À de nombreux égards, Siad Barré a fonctionné comme une force socialement stabilisatrice pour unir ou au moins apaiser les clans somaliens disparates tout comme Kadhafi en ce qui concerne les tribus libyennes, et le retrait forcé de ces deux dirigeants a eu des conséquences dévastatrices pour l’unité nationale. On ne sait pas si Guelleh remplit une fonction personnelle semblable pour Djibouti ou non, mais on prévoit que les troubles intérieurs contre lui pourraient être le déclencheur nécessaire pour diviser de nouveau le pays le long de ses lignes Afar / Somali-Issa, qui ont naturellement des dimensions géographiques nord-sud, respectivement. Si cela ouvre d’une manière ou d’une autre la boîte de Pandore du nationalisme somalien supposée dormante et relance l’idée de la « Grande Somalie », alors au lieu que Djibouti reçoive les ambitions irrédentistes de l’État somalien, il pourrait arriver que le petit pays ou tout au moins certains de ses individus les plus nationalistes (peut-être même unipolaires, influencés par le renseignement occidental) poussent activement à lancer l’expansion ou l’unification de Djibouti avec le Somaliland afin de maximiser la signification géostratégique de l’État proposé et de satisfaire leurs désirs ethno-nationalistes.

Il n’y a rien de concret pour indiquer qu’il s’agit d’un sujet de discussion populaire à Djibouti ou au Somaliland, mais l’auteur s’inspire de l’expérience observée de plus grands projets nationalistes partout dans le monde et de leur activation au milieu des périodes de conflit d’identité domestique. En outre, la présence de tant de forces militaires unipolaires à Djibouti pourrait également indiquer qu’il existe une présence complémentaire importante des ONG (front du renseignement) qui pourrait être discrètement en train de promouvoir ce programme. Du point de vue unipolaire, un Djibouti-Somaliland élargi, si celui-ci y consentait, allongerait sa présence stratégique le long des passages sud du détroit de Bab-el-Mandeb et du golfe d’Aden, joignant ainsi le chemin de fer Éthiopie-Djibouti, le Port de Djibouti et le port de Berbera en Somaliland ensemble sous une unité géopolitique de facto.

Scénario alternatifs

Néanmoins, cela pourrait inciter à une contre-réaction de la part des Afars, qui pourraient alors s’agiter pour leur propre indépendance, l’unification avec la région Afar d’Éthiopie (et donc la destruction de l’unité géopolitique de Djibouti), ou peut-être amener à une certaine forme de fédéralisme à Djibouti afin de conserver les frontières existantes de l’État actuel. Si cette potentialité se réalise, alors les Afars acquerraient les régions peu peuplées et infestées de mines terrestres du golfe de Tadjoura alors que les Somalis-Issas recevraient la partie méridionale, plus peuplée, avec la capitale et la ville ethniquement mixte de Djibouti (et toutes ses installations militaires) comme unité politique distincte à l’ombre de la vieille guerre froide de style berlinois. Dans cette construction, le terminal ferroviaire Éthiopie-Djibouti serait dans la zone de capitaux administrée séparément tandis que le reste de son passage traverse la région Somali-Issa. Mais il est presque certain que les Afars voudraient avoir une sorte d’accord de participation aux bénéfices avec les Somalis-Issas afin de survivre financièrement dans leurs régions nordiques qui manquent de ressources (et n’ont pas non plus été louées pour des bases militaires, du moins pas encore).

Pour conclure la prévision de scénario qui vient d’être entreprise par l’auteur, une révolution de couleur et / ou une guerre hybride tentée par les forces unipolaires pour changer le gouvernement de Djibouti existant et évincer la présence militaire de la Chine dans le pays pourrait rouvrir les blessures ethniques entre Afar et Somali-Issa, ce qui pourrait conduire soit à la dissolution de l’État de Djibouti, soit à sa division en un « Grand Afar » en tant qu’entité sous-étatique de l’Éthiopie (mais qui serait certainement opposée à l’Érythrée par crainte de l’encerclement), d’une « Grande Somalie » ou d’un « Grand Somaliland » ou d’un partitionnement identitaire interne fédéré entre deux ou trois entités distinctes. Selon toute vraisemblance, les puissances régionales et mondiales permettraient à Djibouti de se dissoudre et de se diviser entre ses deux plus grands voisins en raison de l’effet que cela pourrait avoir sur la fragilité de l’équilibre entre l’Éthiopie et l’Érythrée. Cela conduirait probablement à une guerre de continuation entre les deux rivaux de la Corne de l’Afrique.

L’agression d’Al Shabaab

Le dernier facteur stratégique qui affecte Djibouti est la possibilité d’attaque par Al Shabaab, qui pourrait exploiter l’identité musulmane somalienne du segment le plus vulnérable des 60% de la population afin de gagner des recrues militantes pour la réalisation de son attaque indirectement anti-éthiopienne. Ils étaient déjà responsables d’un attentat-suicide en mai 2014 dans la capitale qui a incité le Home Office du Royaume-Uni à avertir que les terroristes pourraient envisager de viser plus de cibles occidentales moins protégées à l’intérieur du pays.

Ce précédent prouve que Djibouti est dans le radar d’Al Shabaab et qu’il y restera probablement aussi longtemps que l’organisation existera. Un assaut du style de Paris ou Mumbai sur la capitale du pays susciterait immédiatement un état de pandémie de violence, car chaque organisation militaire étrangère qui y est basée se débattrait pour comprendre ce qui se passe et concevoir le moyen le plus avantageux et le plus intéressé pour aider les forces de sécurité de la nation à faire face à la crise.

La concurrence résultante pourrait être féroce et hostile, et des mesures antiterroristes non coordonnées par les États-Unis et la Chine, par exemple, pourraient même mener à une incidence involontaire de type « tir ami », accentuant encore les tensions entre les deux rivaux mondiaux. Al Shabaab, comme toujours, est l’agent ultime du chaos dans la Corne de l’Afrique et il est impossible de prédire précisément avec certitude ce qu’il fera, l’impact que cela aura et les réponses nationales, régionales et internationales que cela susciterait.

A suivre avec l’Érythrée et l’Éthiopie …

Andrew Korybko est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Spoutnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime (2015). Ce texte sera inclus dans son prochain livre sur la théorie de la guerre hybride. Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.

La tentative de l’État profond de réprimer la demande d’or en Inde

Posted: 10 Dec 2016 09:10 AM PST

Article original de Stewart Dougherty, publié le 28 Novembre 2014 sur le site investmentresearchdynamics.com 
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
 
Résultats de recherche d'images pour « inde or image »L’objectif premier de la démonétisation de la monnaie indienne était de réduire fortement la demande d’or sur le marché au détail le plus important au monde, l’Inde, contrôlée par l’oligarchie de l’État Profond par l’intermédiaire d’un agent à eux, son Premier ministre [Modi]. La façon dont la démonétisation a été réalisée indique une sorte de désespoir… – Stewart Dougherty
La démonétisation indienne dénote un stress important sur le marché mondial de l’or… – Stewart Dougherty
Il est clair que la démonétisation de la monnaie indienne est en fait une attaque planifiée contre la demande d’or indienne, lancée pour perturber les prix de l’or et discréditer ce métal comme catégorie d’actif. L’attaque a été nécessaire pour atténuer le stress sévère sur le marché mondial de l’or, qui est de plus en plus difficile à contenir pour les contrôleurs du Deep State.


Depuis deux décennies, l’or physique migre de l’ouest vers l’est en quantités croissantes. De nombreux rapports confirment que les principales raffineries du monde fonctionnent à leur maximum de capacité pour convertir l’or occidental en kilos demandés par les acheteurs asiatiques. Les raffineurs confirment également que l’approvisionnement en or de l’Occident est devenu problématique, car les fournitures se raréfient face au monde vorace, et en particulier face à la demande orientale.

Les banquiers centraux de l’Occident et leurs gestionnaires du Deep State ont clairement indiqué qu’ils avaient l’intention de passer à une société sans numéraire. Cependant, ils ne sont pas encore prêts à faire cette transition. Par conséquent, leur objectif actuel est d’entamer le processus en éliminant les devises de forte valeur nominale, telles que les billets de 500 euros et les billets de 50 et de 100 dollars. Dans le même temps, ils travaillent à la numérisation de l’infrastructure de paiement, une condition préalable à l’élimination de la trésorerie.

Leur problème est la constante prise de conscience du peuple, quant aux implications inquiétantes d’une société sans numéraire, et à l’assaut sur les libertés humaines qu’elle représente. Les oligarques de l’État profond doivent mettre en œuvre leur ordre du jour avant que les gens ne se mobilisent pour les empêcher de le leur imposer.

Les oligarques de l’État profond comprennent que les gouvernements occidentaux qu’ils réquisitionnent sont en faillite. Pour continuer leurs opérations, ils doivent tirer parti de la richesse privée du peuple pour le financement. En fait, le FMI a produit un document recommandant un « prélèvement unique sur le capital de 10 % » (un impôt sur la fortune de 10%) pour faire face aux problèmes budgétaires insolubles des gouvernements occidentaux. Les auteurs de cet article affirment que le « prélèvement » doit être imposé de nuit et par surprise totale, pour empêcher les citoyens de prendre des mesures pour l’éviter.

Ce type d’embuscade est exactement ce qui s’est passé en Inde, avec sa démonétisation de choc.

La proposition du FMI ne modifie en rien la trajectoire actuelle des gouvernements en matière de déficits et d’endettement. L’argent recueilli serait simplement utilisé pour le service de la dette existante. Cela signifie que ce prélèvement de capital ne sera d’abord que le premier de nombreux à l’avenir. La seule solution des gouvernements est d’exproprier la richesse privée du peuple, ce qui est exactement ce que le FMI a admis.
Si les gens ont de la trésorerie et d’autres avoirs monétaires privés en dehors du système bancaire lorsque le « prélèvement de capital » sera imposé, les gouvernements vont en perdre une partie. C’est l’une de leurs principales motivations pour éliminer les liquidités : pour maximiser le produit de la taxe sur le capital, ils ont besoin du montant le plus élevé possible dans le système bancaire, sous forme numérisée, non retirable, lorsque le prélèvement sera exécuté.

Ce n’est pas dans l’intérêt des gouvernements que les gens pensent qu’il vaut mieux être leurs propres banquiers, en privatisant leurs avoirs monétaires plutôt que de les remettre aux banquiers commerciaux, qui sont devenus des gardiens et des agents de l’État. Par conséquent, une campagne à grande échelle est en cours pour diaboliser l’argent liquide et rendre les métaux précieux dangereux dans l’imaginaire, en pulvérisant régulièrement leurs prix.

Dans l’intervalle, les réserves de métaux physiques à l’Ouest ont constamment diminué et sont maintenant au plus bas. Cela signifie que les activités de baisse des prix du papier LBMA et Comex des banques de lingots doivent progressivement augmenter, pour qu’elles puissent maintenir le contrôle d’un marché qui sort de leur contrôle. Contrairement aux investisseurs de l’Est, les investisseurs de l’Ouest ont tendance à acheter lors de hausse des prix, car ils recherchent la dynamique. La hausse des prix peut conduire à une ruée d’achat. Si une ruée d’achat devait éclater sur le marché actuel des métaux précieux soumis à l’offre, les prix augmenteraient, ce qui serait contraire à l’ordre du jour des oligarques de l’État profond.

Étant donné que les opérateurs du Deep State ne peuvent rien faire pour augmenter l’offre d’or à l’Ouest, leurs seules options sont de découvrir d’une façon ou d’une autre des fournisseurs ailleurs, et / ou d’écraser la demande d’or.
Le « d’une façon ou d’une autre » est l’Inde, une nation dont le peuple possède une estimation de 20 000 tonnes d’or, et qui achète des centaines de tonnes de plus chaque année. Le Premier ministre Modi, le politicien docile et contrôlé de l’establishment de l’État profond, a été chargé de tenir le contrôle de l’offre et de la demande de l’or en Inde et il a fait des heures supplémentaires pour atteindre les deux objectifs depuis son élection.

Premièrement, Modi a lancé un programme d’or papier, dans lequel les Indiens ont été invités à verser leurs avoirs d’or personnels à l’État, en échange de « billets » et d’« obligations » rapportant des taux d’intérêt inférieurs à l’inflation sur la valeur de l’or qu’ils fourniraient. Les billets ne sont pas remboursables en or pendant au moins cinq ans, au moment où l’or aura depuis longtemps disparu de l’Inde et aura été utilisé sur le marché de gré à gré des banques de lingots et autres opérations à but lucratif. Le schéma de l’or papier de Modi a échoué, parce que les Indiens n’ont pas confiance en lui, et c’est très bien ainsi.

Ensuite, Modi a imposé un droit à l’importation de 10 % sur l’or (l’Inde ne produit presque pas d’or, donc presque tout est importé). Cela s’est traduit par une grève de plusieurs semaines des bijoutiers, ce qui a permis de réduire la demande, l’un des deux objectifs du plan des oligarques de l’État profond.
Mais bientôt, ce système a échoué parce que la contrebande a augmenté, permettant aux Indiens d’obtenir l’or qu’ils souhaitent à des prix d’environ 5% au-dessus du prix mondial, ce qui est raisonnable vu les circonstances.
Dans un effort pour limiter la demande, Modi a promulgué un règlement spécial. Édicté en 2015, il exige que toute personne qui achète des bijoux ou des métaux précieux d’une valeur de 200 000 roupies ou plus (l’équivalent d’environ 2 900 dollars US) présente une carte indienne PAN. PAN signifie Numéro de Compte Permanent, un numéro alphanumérique à dix chiffres, délivré par le Département fiscal de l’Inde aux particuliers et aux entreprises. Le PAN permet au personnel des impôts de suivre toutes les transactions financières d’un détenteur de carte pendant toute leur durée de vie.

Seuls 17% de la population de l’Inde ont obtenu un nombre PAN à ce jour, ce qui signifie que 83% de la population est incapable d’acheter 2 900 dollars ou plus de bijoux ou de lingots en une seule transaction. Sans carte PAN, il est illégal de le faire. Ce règlement a réduit les achats de bijoux et de lingots par les Indiens de haut niveau qui ont un PAN, mais ne veulent pas que leurs transactions personnelles soient enregistrées en permanence. Alternativement, il les a conduits à faire des achats plus petits, qui ne nécessitent pas la présentation d’une carte PAN.

Alors que la réglementation PAN a freiné la demande haut de gamme du marché (les plus de $3 000), elle n’a rien fait pour répondre au marché actif au comptant. Les petits achats de bijoux et de lingots sont traditionnellement payés en espèces, en utilisant des billets de 500 et 1 000 roupies. C’était le talon d’Achille du Deep State en Inde, et ils ont décidé de s’en occuper.

En conséquence, le 8 novembre 2016, Modi a « éteint » toutes les coupures de 500 et 1 000 roupies indiennes. Les détenteurs des anciens billets ont été tenus de les échanger contre de nouveaux, mais le processus a été extrêmement difficile et a pris beaucoup de temps. En outre, il y a des restrictions sévères sur le montant de la nouvelle monnaie que les citoyens peuvent obtenir. Les retraits sont plafonnés à 40 000 roupies par semaine, environ $575. Après avoir payé pour les frais de subsistance (90% des achats indiens sont effectués avec de l’argent), il reste très peu pour les achats discrétionnaires comme les bijoux en or. Étant donné que la démonétisation a été spécifiquement programmée pour se produire au milieu de la saison des noces, la réduction de la demande a été prononcée. Les bijoutiers de Mumbai, le plus grand marché de détail au pays, rapportent des ventes en baisse de 90%.

Nous croyons que l’objectif premier de la démonétisation de la monnaie indienne était de réduire fortement la demande d’or sur le marché de détail le plus important au monde, l’Inde, contrôlée par l’oligarchie de l’État par l’intermédiaire d’un agent docile, son Premier ministre. La manière dont la démonétisation a été réalisée indique une sorte de désespoir, parce qu’elle défie toute prudence économique, toute logique même humanitaire et tout bon sens. L’Inde est le seul pays où ce type d’attaque contre la demande aurait pu être mené à bien, et c’est pourquoi il s’est produit là. Il nous indique que la cabale bancaire est en train de se heurter au mur et que le marché mondial de l’or est en train de devenir très difficile à maîtriser. Des temps désespérés produisent des mesures désespérées de la part des manipulateurs.

Il est essentiel de noter que le gouverneur de la Banque de réserve de l’Inde jusqu’à mi-2016, Raghuram Rajan, a décliné un deuxième mandat de trois ans. Rajan était un ancien économiste en chef du Fonds monétaire international, un des gars derrière le « prélèvement de capital ». Il est également membre du Groupe des Trente, ainsi que Larry Summers, chef des pom-pom girls pour l’élimination des billets de 100 dollars aux États-Unis, et des espèces en général. Beaucoup plus important encore, Rajan est maintenant devenu vice-président de la Banque des règlements internationaux, la « banque centrale des banques centrales », longtemps considérée comme le principal architecte et facilitateur de la manipulation mondiale de l’or et de l’oppression des prix. Il a été caractérisé dans la presse comme étant « un défenseur pour une coordination accrue entre les banques centrales ». Il est évident qu’un important programme global de l’État profond est maintenant en jeu.

Le Brexit et la victoire de Trump ont démontré que le peuple ne peut être poussé si loin, mais les oligarques de l’État profond sont beaucoup trop accros à l’argent facile et au pouvoir divin pour entendre le message. Ils poussent en avant, comme si rien n’avait changé dans le monde. La conservation par le peuple de sa liberté financière est beaucoup plus importante pour lui que le Brexit ou Trump, et nous croyons qu’il va défendre ce droit, car les peuples sont en train de s’éveiller à l’ensemble des implications de la tyrannie.

À mesure que la demande se rétablit, suite au choc de la réduction de la demande qui s’est produite en Inde, nous croyons que le marché des métaux précieux deviendra plus fort que jamais. Premièrement, l’Inde a discrédité le précieux produit de monopole des gouvernements : la monnaie fiduciaire.
Deuxièmement, le choc de la demande d’or dû à la démonétisation en Inde n’a aucun effet sur la demande de la Russie, de la Chine et du reste de l’Asie, qui est plus forte que jamais. Troisièmement, les réalités fiscales et monétaires des gouvernements occidentaux continuent de s’aggraver, renforçant l’idée déjà convaincante en faveur des métaux précieux. Quatrièmement, et comme nous l’avons souligné dans des articles précédents, la fourniture de l’or ne peut résister à un redéploiement même d’une fraction des actifs personnels en liquide dans les métaux, sans que les prix soient forcés d’être beaucoup plus élevés qu’aujourd’hui. Et cinquièmement, les banques de lingots et les intrigants de l’État profond sont à court de coups tordus contre la population. En fait, l’acrobatie qu’ils viennent de faire en Inde pourrait être leur dernière, du moins de cette ampleur. Bien que nous n’excluions rien de leur côté, y compris le dumping désespéré des avoirs de métaux restants des banques centrales de l’Ouest (qui pourraient même ne plus exister à ce stade tardif) et des interdictions que les gens doivent ignorer s’ils veulent avoir une chance de rester financièrement libres. Il semble clair pour nous qu’ils vont être rapidement à court d’options.

Stewart Dougherty

P.S. Une conclusion supplémentaire que nous tirons des événements en Inde est qu’ils prouvent presque certainement que la réserve d’or des États-Unis a disparu. Ce qui s’est passé en Inde indique qu’il existe un déséquilibre essentiel de l’offre et de la demande dans l’or, qui exigeait une «solution» sans précédent, draconienne et imprudente. En fait, cela n’a rien résolu. Cela a juste acheté aux oligarques un peu de temps, mais probablement pas beaucoup. Si des réserves d’or occidentales et surtout américaines étaient disponibles, elles auraient presque certainement été déployées avant qu’une démonétisation monétaire massive et destructrice dans la deuxième nation la plus importante du monde, en terme de population, ait été ordonnée.

Stewart Dougherty est le créateur d’Inferential Analytics (IA), une méthode de prévision qui s’applique à des événements exclusifs, les principes de l’instinct humain, le désir et l’action. À son avis, il est peu probable que les méthodes de prévision fondées sur les principes de l’action humaine soient fiables dans le temps. Il est diplômé de l’Université Tufts (BA) et de la Harvard Business School (MBA). Il est aussi un vétéran de plus de 35 ans dans les tranchées du monde des affaires et a développé en IA sur une période de 15 ans et plus.
 

Les vraies raisons pour lesquelles une autre guerre civile américaine est possible

Posted: 08 Dec 2016 07:40 AM PST

Article original de Brandon Smith, publié le 30 Novembre 2014 sur le site http://alt-market.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

Il faut rendre hommage à la gauche régressive, lorsque ses membres pratiquent la propagande, ils savent vraiment comment s’y prendre. Quand leur endoctrinement ne prend pas, et que le public les arrête net avec un mur de scepticisme, ils n’abandonnent pas ! Non – les petits salauds doublent la mise et vont à la castagne !



Je voudrais toutefois souligner que cette volonté apparemment illimitée d’abandonner toute logique et toute raison au nom de l’idéologie n’est pas due au fait que ces personnes ont une ambition particulière. Elles suivent plutôt un modèle historique assez réussi, le modèle du communisme. Et par succès, je veux dire succès destructeur.

Avec Donald Trump sur la voie de la Maison Blanche en janvier, avec une majorité républicaine au Congrès et au Sénat, les gauchistes longtemps habitués à dominer le récit public par les médias traditionnels se retrouvent sans levier. Maintenant, ils doivent recourir à une critique mordante avec des efforts comme ce mème des « fausses nouvelles », qui est conçu pour miner les médias alternatifs par des insultes ad hominem. Évidemment, cela échouera. Il est beaucoup trop tard pour que les grands médias récupèrent tout leur capital social. Ils devront s’adapter ou mourir.

Avec ce boulevard se refermant pour la gauche, la prochaine étape sera directement asymétrique. Ils utiliseront la subversion à un niveau plus localisé, travaillant à inciter les groupes « marginalisés » à prendre des mesures extrêmes pour éviter une réponse négative et totalitaire des conservateurs.

Je suis assez versé sur l’histoire des insurrections communistes, et une simple réalité, qui me revient constamment, est que partout où les mouvements communistes existent, la guerre suit. Ils peuvent prétendre être pacifiques dans leurs buts et leurs méthodes. Ils peuvent prétendre vouloir ce qui est le mieux pour la société dans son ensemble, mais quand ces mouvements se voient refuser l’accès à l’évolution sociale, ils reviennent presque toujours à des moyens violents. La raison principale pour cela, je crois, c’est qu’ils pensent vraiment au fond d’eux-mêmes que leur idéal est le SEUL idéal.

Ils pensent qu’ils sont des héros, éveillés à une vision du monde que le reste d’entre nous est incapable de comprendre. Dans leur esprit, quiconque cherche à leur obstruer le passage est dangereusement ignorant ou fasciste pour oser saboter la « progression naturelle » de l’humanité dans l’utopie de gauche. Par conséquent, toutes les actions sont justifiées de leur part. Ils combattent le « mal ». Et, bien sûr, les conservateurs comme vous et moi sommes les manifestations physiques de ce mal. Nous sommes les super-méchants qui doivent être détruits à tout prix dans le monde imaginaire de gauche.

Comme je l’ai noté dans mon dernier article, L’ordre sort du chaos : la défaite de la gauche aura un coût, les régressifs sous la forme de guerriers de justice sociale sont actuellement plus mignons dans leurs provocations que dangereux, mais ce n’est qu’une étape préliminaire de leur mouvement. Quand ces gens n’obtiennent pas ce qu’ils veulent, lorsqu’ils réaliseront que les méthodes de propagande ne sont pas efficaces, ils se tourneront inévitablement vers le militantisme et des actions de masses agressives. C’est le problème des zélotes : ils sont capables d’une relativité morale absolue. Ce sont des monstres en costume du peuple qui attendent d’être déchaînés, et rendus encore plus dangereux par leur image de soi en tant que gardiens.

Il n’y a rien de pire qu’un psychopathe avec un désir désespéré de vous sauver.

Après mon dernier article, certains lecteurs ont répondu qu’ils avaient compris ma prémisse fondamentale – que la dynamique gauche contre droite est suscitée par les élites globalistes, et que cela pourrait amener les deux côtés à s’opposer aux extrêmes du spectre politique, communisme contre fascisme. Cela dit, ils voulaient aussi savoir ce que je pensais qu’il fallait faire pour la gauche en particulier. Bien sûr, les élites sont la cause profonde de la menace, mais qu’en est-il des gauchistes fous derrière qui les élites se cachent et qu’elles exploitent ? N’aurons-nous pas à nous en occuper à un moment donné ?

Je dirais oui, mais notre réaction doit être mesurée ou nous risquons de tomber dans le piège du paradigme que les élites ont construit pour nous.

Ainsi, voici la réalité : lorsqu’un mouvement comme le culte de la justice sociale en vient à un tel zèle, rien ne peut être fait pour le persuader de penser autrement. Certains laisseront le mouvement derrière eux, mais la majorité refusera de reconnaître que leur idéologie n’a pas réussi à dominer les masses, et que cela pourrait être dû au fait que leur idéologie est très imparfaite. Ils chercheront plutôt à nous forcer à nous y conformer. Cela garantit qu’un conflit violent se produira.

Le danger est que si les conservateurs semblent maintenant détenir les clés du monstre, c’est-à-dire le gouvernement, après l’avoir arraché à la gauche (encore une fois, du moins en apparence), nous serons tentés de braquer les canons du cuirassé bureaucratique vers nos ennemis et en notre faveur. Je vais devoir utiliser l’ancienne analogie du Seigneur des Anneaux encore une fois ici : le grand gouvernement est comme le « premier cercle », il va toujours aboutir au mal, peu importe qui le porte. Les bonnes personnes se saisiront de lui pensant qu’elles peuvent résister à l’abus et qu’elles vont exploiter son incroyable pouvoir pour aider les autres. Et elles tomberont dans les ténèbres comme tout le monde.

La solution ? Les conservateurs doivent faire face aux extrémistes de gauche sur un pied d’égalité. Nous devons éviter la tentation d’utiliser le gouvernement comme une arme pour les neutraliser. Nous devons éviter de nous abaisser à leur niveau. Sinon, il y a un risque sérieux que nous faillissions dans nos principes et que nous devenions aussi mauvais sinon plus mauvais que la gauche régressive. Et oui, cela signifie une guerre civile décentralisée – une guerre dans laquelle le gouvernement est refusé en tant que joueur. Tant que les conservateurs refusent d’exercer le gouvernement comme une épée dans notre arsenal, nous gagnerons contre tous les ennemis. La seconde chose que nous devons oublier, c’est de demander au gouvernement de nous aider dans notre combat sinon nous serons cooptés et assimilés par les élites.

Mais à quoi ressemblerait ce conflit ?

Je pourrais voir un scénario d’insurrection contre insurrection mais seulement si la droite refuse de se joindre au gouvernement pour atteindre ses objectifs.

En attendant, je vous invite à examiner les théories sur cette question du côté gauche du spectre. Consultez cet article, référençant les « experts » militaires de la revue toujours fâcheuse et menaçante Cracked Magazine intitulé Six raisons pour lesquelles une nouvelle guerre civile est possible et terrifiante, publié au début du mois de novembre.

Alors que Cracked Magazine aborde brièvement l’idée qu’une guerre civile pourrait être déclenchée par la gauche aux États-Unis, leur article a été publié avant les élections, clairement avec l’hypothèse que Donald Trump devait perdre et que les «

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